Gaël Giraud

Économiste et prêtre jésuite.


Inscrire la reconstruction écologique au cœur de l'enseignement.

Source : Les 12 mesures que Gaël Giraud propose aux candidats à la présidentielle.

« Adapter l'enseignement aux nouveaux enjeux. La reconstruction écologique de la France et, plus généralement du monde, ne relève pas seulement de l'ingénierie environnementale ou de l'économie. Elle touche au cœur même de nos représentations et de nos pratiques. Elle concerne donc tous les champs du savoir. Je propose une refonte transversale de l'ensemble des programmes d'enseignement secondaire et supérieur de manière à y mettre au centre la reconstruction écologique. Il s'agit bien sûr d'apprendre aux prochaines générations les processus impliqués dans le réchauffement climatique et la dégradation du vivant, mais aussi les responsabilités de différents acteurs, les sciences de l'ingénieur adaptées à une chimie sans pétrole, le creusement des inégalités environnementales, la sociologie et la géopolitique de l'adaptation au réchauffement ou encore les mécanismes financiers qui sont l'une des causes de la crise écologique. Il s'agit aussi d'aider nos jeunes générations à connaître les leviers d'action accessibles et à les pratiquer : réorganisation sociale du travail, transformation des modes de vie et des façons de produire (agroécologie, communs, technologies bas carbone, etc.)... Ces transformations doivent pouvoir être appréhendées de manière très concrète par les enseignants et les élèves au sein d'établissements écologiques d'enseignement. Cette refonte des programmes doit s'accompagner d'une revalorisation salariale du métier d'enseignant : la société française doit honorer l'école à sa juste valeur, car elle est le creuset républicain et l'écologie est l'avenir de tous. La modification des programmes doit aussi pouvoir se faire en redonnant des marges de manœuvre pédagogiques aux professeurs, dans un nouveau contrat social où les Français sont invités à réapprendre à faire confiance à celles et ceux d'entre nous qui ont choisi d'exercer « le plus beau métier du monde ». » 


Imaginer de nouveaux récits qui suscitent du désir.

Source : État stratège, vers un protectionnisme écologique ? (Green latter club, 58mn)

Animateur :

« Est-ce que l'état doit organiser une grande vision, un grand récit fédérateur, comme Kennedy a pu le faire avec l'objectif de marcher sur la lune ? Est-ce que l'état doit travailler à un récit fédérateur ?

Gaël Giraud :

« Certainement, puisqu'on manque de récits. D'une certaine manière nos sociétés depuis les années 70 souffrent d'une espèce de panne eschatologique, c'est-à-dire qu'elles ont énormément de mal à se représenter l'horizon de l'histoire devant nous, qui donne un sens à nos efforts aujourd'hui, et aux raisons pour lesquelles on se lève le matin. Donc cette panne là, on doit pouvoir l'enrayer » via la construction de nouveaux grands récits dans lesquels l'état a évidemment un rôle à jouer, mais pas que l'état. D'une certaine manière si vous voulez ce qui nous manque aussi c'est des images très concrètes de qu'est-ce que serait une société française désirable en 2050. On a besoin d'anthropologues, de sociologues, de littéraires, qui nous écrivent de la littérature là-dessus. On a besoin d'images en fait pour habiter notre imaginaire et susciter du désir. Ce qui pour l'instant n'est pas le cas. Pour l'instant les images qui nous habitent sont plutôt apocalyptiques, c'est celles de « Don't look up », qui est un film remarquable, mais qui ne sont pas des images qui créent du désir pour une société soutenable d'ici une génération. »


Les communs.

Source : L'Obs master class : Gaël Giraud. (Vidéo 1h50)

« Les communs c'est l'organisation du pouvoir entre nous et les ressources que nous voulons partagées, au terme d'une délibération qui inclue elle-même la possibilité d'être révisée en permanence. D'une certaine manière on pourrait dire c'est l'organisation démocratique de l'allocation des ressources et du pouvoir dans une communauté. Ces quatre catégories viennent de travaux qui ont été fait par essentiellement des politologues et des économistes. La personne la plus connue dans ce domaine est Élinor Ostrom, qui a eu le prix Nobel en 2009. Une femme remarquable qui a travaillé essentiellement sur des expériences empiriques de gestion réussie des communs. Et ce qu'Élinor a fait, c'est d'identifier les règles dont on constate qu'elles fonctionnent bien pour prendre soin des communs. Les communs qu'on peut citer, par exemple qu'elle a étudié, c'est des systèmes d'irrigation en suisse, des systèmes de pêcherie en Afrique, etc. On pourrait se demander si la santé au niveau global n'a pas vocation à être traité comme un commun, puisqu'on sait aujourd'hui, on n'en a tous fait l'expérience, quelque fois douloureuses, que ma santé dépend de la santé d'une famille chinoise à Wuhan. Et donc on est dans une relation d'interdépendance globale. » 


À venir...