Jean-Marc Jancovici

Ingénieur et enseignant, cofondateur du think tank ."The Shift Project" luttant contre le réchauffement climatique et défendant une transition bas carbone. Membre du haut conseil pour le climat.

Différence entre sobriété voulue et sobriété subie.

Source : Sobriété, déconsommateurs : cache-misère des gouvernements ? (vidéo Thinkerview : 2h36)

« Depuis que je m'intéresse à la consommation d'énergie j'ai fini par arriver à une nomenclature qui est la suivante : Quand on cherche à économiser de l'énergie, il y a trois manières de s'attaquer au problème.

La première qu'on adore s'appelle l'efficacité. L'efficacité en gros c'est, je fais toujours la même chose, j'ai toujours une voiture, qui va à la même vitesse, qui contient le même nombre de personnes, qui a la même autonomie, mais la faire fonctionner consomme moins d'énergie. Ça c'est dans l'efficacité, et en fait on a tous en tête l'idée qu'à parc constant et a usage constant on met de l'efficacité partout, globalement on arrivera à baisser la consommation globale.

Il y a une deuxième branche qui s'appelle la sobriété. Alors la sobriété c'est, je ne fais plus la même chose. Donc je ne vais plus en voiture, je vais en train. Je change mon usage mais au passage je récupère une économie, une déconsommation on pourrait dire, de quelque chose, et en l'occurrence de la voiture et du train, c'est de l'énergie.

Et puis il y a une troisième branche des économies d'énergie, qui s'appelle la pauvreté, qui est très exactement la même chose que la sobriété en terme physique, sauf que la sobriété j'ai été acteur de mon changement, alors que la pauvreté je subi.

Dit autrement je suis sobre si délibérément je me dis c'est vachement bien de prendre le train, je vais avoir le temps de lire, etc., et puis à l'arrivée je louerai un vélo et ce sera très bon pour mon cardio. Et c'est très différent de dire, je n'ai plus de quoi payer le carburant pour ma voiture alors que je n'avais pas du tout l'intention de prendre le train ou prendre un vélo. Je vais le faire quand même mais de façon subie…

Donc la différence entre la sobriété et la pauvreté, c'est juste une affaire sociale, ou comportementale, ou mentale. Ce n'est pas une affaire physique, c'est exactement les mêmes traductions physiques sauf que dans un cas de figure j'agis, dans l'autre cas de figure je subis. »


La sobriété demande la préparation des esprits.

Source : Sobriété, déconsommateurs : cache-misère des gouvernements ? (vidéo Thinkerview : 2h36)

« Quand on a toujours eu l'habitude de prendre sa voiture parce qu'on trouvait ça commode, que s'était statutairement bien, ça montrait aux autres qu'on avait les moyens, etc. Se mettre dans l'état d'esprit que tout d'un coup ce qui est très bien c'est de faire l'exact inverse, c'est long. En fait ça prend souvent une génération. On le voit par exemple chez les agriculteurs, passer du conventionnel au bio c'est l'affaire d'une génération, c'est les enfants qui font différemment des parents. Changer les mentalités c'est long, et donc si on veut tabler sur la sobriété, en fait c'est essentiel d'anticiper. On ne sait pas bien faire de la sobriété sans anticiper et sans planifier. Quand on est pris de court, en pratique on peut appeler ça de la sobriété mais ce que c'est réellement c'est plutôt de la pauvreté. »


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