Les récits

En raison du niveau de dégradation écologique et sociale, différents auteurs témoignent de la nécessité d'imaginer de nouveaux récits plus désirables, plus souhaitables que ce que procure actuellement notre modèle de société. 

Nous pensons que le récit que nous avons à imaginer et matérialiser, notre contrat social, doit se greffer au récit premier de celui la Nature duquel nous dépendons. C'est le récit la Nature qui définit LA réalité. Réalité que nous devons réapprendre à entendre, connaitre, comprendre et respecter.

Étymologie et définitions de "Récit". (Dictionnaire de l'Académie française) 

XVe siècle. Déverbal de réciter. Emprunté du latin recitare, « refaire l'appel des noms devant un tribunal », puis « lire à haute voix », lui-même composé du préfixe re‑, marquant le retour en arrière ou l'intensité, et de citare, « convoquer ; citer, mentionner ».

1. Relation, narration, orale ou écrite, d'un évènement. Récit exact, naïf. Un long récit. Faites-nous le récit de cette aventure, de ce qui s'est passé. Récit fabuleux. Récit poétique, épique. Récit historique.

▪ Spécialement. Marque de domaine : théâtre. Narration détaillée d'un évènement important qui n'est pas représenté sur scène. Le récit de la mort d'Hippolyte par Théramène, dans « Phèdre », de Racine. – Marque de domaine : linguistique. Énoncé, le plus souvent à la troisième personne, au passé ou au présent historique, dont l'énonciateur cherche à s'effacer. Le passé simple et l'imparfait sont des temps du récit.

2. Marque de domaine : musique. Vieilli. Récitatif ; par extension, morceau de musique destiné à une seule voix ou à un seul instrument (en ce sens, on dit aujourd'hui Solo). Récit de flûte.

▪ Désigne aujourd'hui un des claviers de l'orgue, qui comprenait initialement un jeu consacré à quelques instruments solistes, et qui a progressivement gagné en étendue et en importance. Le récit surmonte généralement deux autres claviers : le grand-orgue et le positif.


Imaginer de nouveaux récits qui suscitent du désir. (Gaël Giraud)

Source : État stratège, vers un protectionnisme écologique ? (Green latter club, 58mn)

Animateur

« Est-ce que l'état doit organiser une grande vision, un grand récit fédérateur, comme Kennedy a pu le faire avec l'objectif de marcher sur la lune ? Est-ce que l'état doit travailler à un récit fédérateur ?

Gaël Giraud

« Certainement, puisqu'on manque de récits. D'une certaine manière nos sociétés depuis les années 70 souffrent d'une espèce de panne eschatologique, c'est-à-dire qu'elles ont énormément de mal à se représenter l'horizon de l'histoire devant nous, qui donne un sens à nos efforts aujourd'hui, et aux raisons pour lesquelles on se lève le matin. Donc cette panne-là, on doit pouvoir l'enrayer » via la construction de nouveaux grands récits dans lesquels l'état a évidemment un rôle à jouer, mais pas que l'état. D'une certaine manière si vous voulez ce qui nous manque aussi c'est des images très concrètes de qu'est-ce que serait une société française désirable en 2050. On a besoin d'anthropologues, de sociologues, de littéraires, qui nous écrivent de la littérature là-dessus. On a besoin d'images en fait pour habiter notre imaginaire et susciter du désir. Ce qui pour l'instant n'est pas le cas. Pour l'instant les images qui nous habitent sont plutôt apocalyptiques, c'est celles de « Don't look up », qui est un film remarquable, mais qui ne sont pas des images qui créent du désir pour une société soutenable d'ici une génération. »


De nouveaux récits pour une nouvelle réalité. (Cyril Dion)

Source : Vers de nouveaux récits ? Greenletter Club (Vidéo : 45mn).

Pourquoi c'est important d'inventer des nouveaux récits ?

« Je crois, et je ne suis pas le seul, que les récits sont le moyen que les êtres humains ont trouvé pour partager leur subjectivité avec les autres. En gros c'est notre façon de partager notre vision du monde. C'est même plus que ça, c'est notre façon de synthétiser, formuler, notre vision du monde, notre perception du monde, et de la partager avec les autres. La romancière Nancy Huston qui dit que raconter des histoires pour les humains c'est notre façon d'être au monde. Et donc on est un peu des machines à raconter des histoires, on passe notre temps à faire ça. On passe notre temps à regarder le réel depuis notre fenêtre, c'est un peu le mythe de la caverne de Platon, à le voir de façon donc assez parcellaire, on en voit seulement des bouts. Et ces bouts on essaye de leur donner du sens, de les agencer dans quelque chose qui souvent a un début, un milieu, une fin. Et ce qui est intéressant, c'est qu'on utilise ces histoires, ces récits, pour partager avec les autres notre vision du monde. Et parfois il y a des gens qui adhèrent aux histoires qu'on leur raconte, et qui se mettent à les faire leurs. Et ce que dit par exemple un type comme Harari, c'est que plus on est nombreux à adhérer à une même histoire, au même récit, plus ensuite on est nombreux à obéir aux mêmes règles, aux mêmes lois, aux mêmes normes, parce que ces récits deviennent collectifs. Et quand ils deviennent largement collectifs, ils peuvent se transformer en structure politique, en structure économique, en structure religieuse. Le christianisme ou l'islam, ou le judaïsme, ce sont des histoires. Le communisme, le fascisme ou le capitalisme, ce sont des histoires. Donc aujourd'hui on a besoin de prendre conscience qu'on vit dans un récit, dans plusieurs récits, mais il y a quand même un récit dominant qui donne une sorte de direction à notre société. Et que ce récit n'est qu'un récit, donc ce n'est pas une réalité immuable. Donc si ce récit a été élaboré par des humains, ça veut dire que les humains peuvent le changer, ou que d'autres peuvent décider de faire émerger d'autres récits. »


Configurer un futur attractif, crédible… et le faire advenir. (Étienne Klein) 

Source : Aujourd'hui, il n'y a aucune impatience du futur. (Vidéo 3mn20)

« Aujourd'hui il n'y a aucune impatience du futur. Personne n'a envie d'être en 2050 en tout cas personne ne voudrait y aller sans avoir la garantie qu'il pourrait revenir en 2021. Il y a déjà une chose qui me frappe, c'est la différence des discours portant sur le futur entre ma génération quand elle était adolescente dans les années 70 et ce qui se passe aujourd'hui. On se disait mais qu'est-ce qu'on est là à glander dans le présent alors que le futur nous attend et il sera merveilleux. Aujourd'hui il n'y a aucune impatience du futur. Le futur n'est plus pensé ou alors quand il l'est c'est sur le mode de la catastrophe ça veut dire que l'idée de futur a été laissée en jachère intellectuelle. Or croire au Progrès c'est se représenter, c'est configurer le futur à l'avance d'une façon qui est crédible et attractive de sorte qu'on est d'accord pour travailler à faire advenir ce monde futur qui nous semble désirable. »

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